Détail de l'album

Notre avis

Je ne m’étais jamais vraiment intéressé à Gary Moore jusqu’à ce qu’il sorte en 1990 l’album « Still Got The Blues ». L’une des caractéristiques de cet album était la convergence des styles qu’affectionnait le guitariste. On y retrouvait sa patte et ses influences qui s’exprimaient dans ses contributions antérieures. Cet opus marquait d’ailleurs un tournant pour lui vers un blues électrique plus affirmé. L’irlandais rencontra alors le succès. Même démarche j’ai envie de dire avec ces douze titres que nous offre aujourd’hui Yngwie Malmsteen. A un détail près, mais qui a son importance : le feeling.

Et on a beau chercher, le suédois en manque cruellement. Il aligne les notes sans se soucier du ressenti et il faut attendre « Blue Jean Blues » emprunté à ZZ Top pour obtenir un peu d’émotion. Que ce soit avec « Foxey Lady », « Purple Haze » (Jimi Hendrix), « While My Guitar Gently Weeps  » (George Harrison / The Beatles), « Paint It Black » (The Rolling Stones) ou bien « Smoke On The Water » (Deep Purple), on reste sur notre faim et j’irais même jusqu’à dire que ces reprises sont hors sujet. Venant d’un guitariste d’une telle envergure, la déception est immense.

Par le passé, et à plusieurs occasions, il s’est montré beaucoup plus inspiré et à multiplier les collaborations avec la réussite qu’on lui connait. La surprise est donc totale et malgré les écoutes répétées, j’ai sincèrement du mal à comprendre cette démarche de reprendre à son compte un tel répertoire. Même le single « Sun’s Up Top’s Down » sonne faux et semble écrit sur le coin d’une table par un quinquagénaire en mal d’inspiration. Le clip qui accompagne ce morceau est rempli de clichés (YouTube est votre ami alors je vous laisse le découvrir si ce n’est pas déjà fait) et accumule les maladresses. Mais qu’est-il arrivé à cet as des six cordes ? Le fisc suédois lui réclamait il de l’argent ?

Sur le même label en 2010, John Norum (Europe) sortait « Play Yard Blues » un album solo de toute beauté qui passait quasiment inaperçu auprès des médias et du public. Une vraie injustice que je vous propose de réparer en vous le procurant dès à présent. Le niveau est tout autre (pas besoin d’être un expert pour s’en rendre compte) et les conditions d’enregistrement sont à des années-lumière de celle qui nous intéresse aujourd’hui. Yngwie Malmsteen reste donc au point mort en ce qui me concerne et on attend de pied ferme un sursaut de sa part. Ceci dit, après ce qu’il vient de nous livrer, on n’est pas pressé non plus.

Arno Jaffré