Notre avis
L’hyperactivité chez les adultes ne se réduit pas à une agitation permanente et une impulsivité excessive. Elle est tout autant une attention irrégulière, une organisation défaillante, et une humeur mobile. Les difficultés auxquelles les hyperactifs sont confrontés dans l’enfance peuvent se prolonger à l’âge adulte, et s’accompagner d’autres pathologies. Certains s’accommodent très bien de leurs symptômes, et savent tirer avantage de leur inventivité, et de leur crainte de l’ennui.
En pleine période d’opposition et refusant toute démonstration ostentatoire de virtuosité, les cinq membres de The Spewmen ressentent un fort désir de retourner à la spontanéité et à la simplicité du rock primitif. Leur approche agressive et sauvage de la mélodie vous arrive en pleine face tel un parpaing, et vous invite à une confrontation active avec leur côté obscur. Alors l’hyperactivité chez les adultes, un problème de taille ? A l’écoute de ce nouvel album, j’aurais tendance à dire non.
Maîtrisée et immédiate, son écoute vous donnera sans aucun doute une bonne dose d’énergie et vous accompagnera dans vos séances de cardio. En se concentrant sur l’essentiel, ils nous administrent une véritable correction auditive, et cette superposition épaisse de riffs et de chant tour à tour viril, théâtral ou rageur, est recommandée à haute dose pour tous les matins difficiles où tout vous parait insurmontable. Aucun répit à l’horizon, et en dix titres, ils vous proposent de faire le tour de la question.
Leur musique concise et sans compromis fait du bien au corps, et l’ensemble se veut un concentré de rock alternatif et de post punk. Ils frôlent parfois avec ce mélange hybride la barre du raisonnable, mais repartent très rapidement avec bonheur dans l’agitation. La révolution décadente et débridée est en marche et ils s’amusent à jouer avec les codes, en prenant à contre pied certaines vérités. Leur ligne directrice consiste à ne pas en avoir. Une attitude intéressante et foncièrement désinvolte que j’apprécie personnellement.
Le rock est soi disant mort…principe évoqué par de nombreux spécialistes qui parlent de la dissolution de la forme reptilienne du genre, tant il a été assaisonné à toutes les sauces. Personnellement, je trouve que c’est une bonne chose, car du coup, son fantôme n’a pas fini de nous hanter. Et ces cinq agités du casque sont là pour nous le rappeler. « L’amour est dans le pogo » me disait un illustre inconnu rencontré lors d’un concert d’Exploited il y a quelques années. Comment lui donner tort ? Certainement pas avec cet opus ô combien efficace !
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