Notre avis
La musique ne doit pas avoir de vocation élitiste, et ne doit en aucun cas tomber dans les dérives de l’intellectualité, le premier objectif étant celui de faire appel à l’affect de l’auditeur. Les américains de Suicidal Tendencies, toutes époques confondues, ont toujours tapé dans le mille en n’ayant aucune prétention démesurée et témoignant d’une véritable honnêteté. Malgré les nombreux changements de line up (on compte jusqu’à 27 anciens membres, dont Robert Trujillo parti rejoindre Metallica), ils ont su rebondir à chaque fois et se concentrer autour de la sortie en 2016 de « World Gone Mad ».
Avec « Still Cyco Punk After All These Years » (Remake de l’album solo de Mike Muir sorti en 1995 sous le nom de Cyco Miko, sur lequel on retrouvait l’ex-guitariste des Sex Pistols Steve Jones), Suicidal Tendencies nous emmène dans un univers crossover, fun, direct, et prompt à l’imaginaire que l’artwork suscite. Le combo joue sur ses forces en alternant influences heavy, metal et même ponctuellement au-delà et le rythme est entraînant et bien soutenu par la voix de Mike Muir (Une légende à lui tout seul) et le coup de baguette de Dave Lombardo (ex-batteur de Slayer). En résultent des riffs qui fonctionnent et des refrains qui ne manquent pas de se faire remarquer à l’écoute. La structure des titres, bien que parfois similaire, est du genre efficace, et il n’est nulle question ici de palabres philosophiques et autres prises de têtes en tous genres. Suicidal Tendencies va droit au but en brandissant haut et fort un mode de vie bravant les interdits.
Sous l’impact d’une production spontanée et en totale adéquation avec le feeling dispensé par le groupe, cette nouvelle offrande, bien remplie de décibels, tient donc toutes ses promesses. Les californiens savent tenir leurs engagements initiaux, et se montrent même poignants, avec des mélodies parfaitement orchestrées, et ambitieux en apportant quelques sonorités métallisées. Ils ont le gabarit, la crédibilité et la légitimité pour combler leurs fans, mais ce qui séduira davantage encore est l’authenticité du propos, et le côté anarchique. Quelques surprises viendront également rompre l’équilibre architectural de l’ensemble (Les chœurs notamment), et même si cet album souffre d’une certaine standardisation, ces onze titres se laissent apprivoiser, sans jamais véritablement lutter, et le quintet semble avoir adopté les bons gestes.
Du début à la fin, il fait ce qu’il faut pour porter notre attention, délivrant une énergie transmissible. En fait, Suicidal Tendencies est un peu le groupe que l’on aimerait voir chaque année en concert, ceux ayant assisté à leur énorme prestation au Hellfest 2017 en savent quelque chose. Est-ce un bon présage pour leur avenir ? Ce qui est certain, c’est qu’avec ce nouvel opus qui suscite de gros espoirs pour la suite, ils ont de quoi vous botter les fesses en toute allégresse. Join The Army !
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