Détail de l'album

  • DATE DE PUBLICATION /01 septembre 2017
  • LABEL /Klonosphere
  • FORMAT /Digipack

Notre avis

Certains groupes refont surface après une longue absence, et écrasent tout sur leur passage avec des albums aussi bons, voire meilleurs, que ceux qui leur avaient permis d’accéder à leur statut. Et d’autres sortent de l’anonymat après quelques années de macération, et placent d’entrée de jeu la barre très haute … Rescue Rangers fait parti de la première catégorie, et est capable de s’inspirer de tout ce qu’il goûte. La richesse de sa musique vient sans doute de là. C’est aussi cette faculté de puiser à droite et à gauche, de digérer des influences aussi extrêmes et diverses, et de les régurgiter qui fait que le quatuor est un combo difficile à appréhender pour un néophyte. Mais qu’y a t-il de plus jouissif et valorisant de faire ce que l’on aime ? A vous de me le dire !

Créatifs et affamés, ils ont donc repris leurs manuels, les ont dépoussiérés, et ont établi eux-mêmes leurs propres règles (avec l’aide de Page Hamilton, leader du groupe Helmet qui produit ici leur troisième album). Ils se cataloguent dans le rock. Personnellement, ces histoires d’étiquettes ne m’intéressent pas, car trop réductrices. Seul compte le sentiment suscité par la musique. Et à ce petit jeu là, « Join Hate » m’a séduit. Dire que cet opus débute très fort est un euphémisme. Le premier titre éponyme est à l’avenant de ce que la formation est capable de nous offrir. Et cette première piste n’est pas un cas isolé puisque l’ensemble de ce disque est doté d’un son puissant, épais et intense. La science du riff et du groove est ici poussée à son paroxysme, faisant de ces onze chansons un canevas sonore où dévastation et enthousiasme sont au programme.

Chaque pièce du puzzle doit être parfaitement fixée à sa voisine pour que l’ensemble tienne bon, et là où certaines productions semblent tenir avec trois bouts de ficelle, les marseillais eux, n’hésitent pas un seul instant à mettre les mains dans le cambouis pour colmater leur édifice. L’objet défile d’une traite, solide et accrocheur, avec un son approprié. C’est lourd, parfois pachydermique, mais cela ne les empêche pas de se mouvoir, et l’essentiel est préservé. Non content de s’imposer de fort belle manière, les artificiers de la Canebière savent aussi faire parler la poudre en accélérant le tempo, et publient des compositions d’une qualité intrinsèque élevée. Ils se positionnent du coup comme une valeur sûre, et sans bouleversement majeur dans leur recette, il me parait évident que l’on entendra encore parler d’eux (avec une belle marge de progression).

Voici un parfait point d’ancrage pour découvrir ces musiciens, résolument prêts à en découdre. A déconseiller bien évidemment à tous ceux pour qui la musique est un long fleuve tranquille.

Arno Jaffré