Détail de l'album

  • DATE DE PUBLICATION /21 février 2022
  • LABEL /Autoproduction
  • FORMAT /EP, CD et Digital

Notre avis

Après quelques secondes, les vrombissements de la guitare placent l’auditeur dans une agréable torpeur : le voyage dans les méandres abyssaux de Red Is Dead commence. La montée en puissance se fera par le biais d’une esthétique sonore entremêlant ambiance limbique, électrocution et voix candides nuancées. On retrouve avec plaisir les mélodies délicieusement enveloppées, les distorsions psychédéliques, et les atmosphères célestes se mouvant dans un décor onirique que l’on apprécie chez certaines formations (j’ai pensé aux américains d’Elder par exemple).

Le groupe reprend à son compte les caractéristiques du style, et c’est un univers complet qui s’offre à nous. Et celui-ci nous englobe dans un environnement intense et étrangement attirant. Les Angevins restent inventifs et intransigeants dans leur manière de composer. Et en ces temps où l’originalité artistique est loin d’asperger le rock actuel, c’est plutôt rassurant. Ils se démarquent également de leurs congénères de la plus belle façon qui soit, en traçant leur route personnelle, sans jamais se retourner (Et en conservant des touches Stoner car on ne se refait pas).

On vibre avec eux, on se perd maintes fois, et on explore en leur compagnie cet instant où la raison nous quitte et où l’on rejoint la transe, quand le rêve fusionne avec l’irréel. On se laisse porter. Sans résistance. Aucune. Comme parachuté dans un monde aérien, happé par un rock psyché-progressif toujours aussi troublant qui s’invite dans votre conduit auditif et vous susurre de le suivre. Le quatuor transforme l’essai avec classe.

Ils démontrent ici qu’ils peuvent être les tenants et les aboutissants d’un courant musical en plein boom depuis un certain temps. Le calendrier cosmique prend corps maintenant dans un brasier électrique éblouissant. L’ambiance devient réflexive, presque relaxante et une fois de plus, c’est la totalité du son qui est remarquable.

« Odyssey » est une vision où se fond, dans des dédales labyrinthiques, la confusion et la pureté la plus absolue. Un disque en forme d’aboutissement, un manifeste à lui tout seul, et le plus bel endroit pour se recueillir. Comment faire plus éthéré ? Comment emmener ce genre encore plus loin ? En attendant une réponse à ces questions, le combo s’impose et en impose.

Avec ces neuf titres, on marche sur les cendres fumantes d’une ère révolue, comme étourdi par des accords irradiés, des aurores boréales posées sur des rythmes sensuellement désinvoltes. On peut donc affirmer que ce nouvel album est une réussite. Non pas qu’il soit beau – adjectif dénué de tout fondement critique dans ma bouche – mais parce qu’il est des plus aboutis. Un opus au goût exquis auquel on s’expose plus qu’on ne l’écoute.

Arno Jaffré