Dans une époque où la qualité d’un artiste semble parfois se mesurer à la quantité de buzz qu’il génère sur internet, il est rassurant de voir qu’il existe encore des musiciens qui se construisent petit à petit, à force de travail, de passion et surtout de talent. Le frontman de Loading Data nous offre ici un bel échantillon de son univers, mixant riffs puissants, voix caverneuse, et grosse chape rythmique avec des passages plus délicats et tout en finesse. Enregistré dans les studios d’Alain Johannes à Los Angeles, il s’est entouré d’un casting prestigieux avec notamment Joey Castillo (Danzig, Queens Of The Stone Age) et Nick Oliveri (Kyuss, Mondo Generator).

Après plusieurs écoutes, on est finalement (fatalement) conquis et si le compteur ne s’affole pas toujours, une puissance souterraine se dégage de tous ces titres balancés sur un rythme plombé qui sert de trame à des vocaux rocailleux et des guitares extra grasses. Le terrain est connu et apprécié, et si il garde une filiation sonore évidente avec la sphère stoner, il s’en éloigne parfois et les compositions se font donc plus légères. On assiste alors à un long développé couché désertique qui finit inévitablement dans les profondeurs du méandre et de nos derniers retranchements. Une figure de style certes mais dans tous les cas, un exercice réussi. L’homme à bord qui ne renie visiblement pas ses influences aura vite fait d’arrondir les angles en apportant aux rythmes endiablés des ambiances de lendemain de cuite.

Bien difficile d’extraire une piste du lot tant elles présentent toutes les mêmes qualités, bien que j’ai une légère préférence pour certaines sans vraiment pouvoir en expliquer les raisons. Si les onze titres sont dans le format standard des formations pratiquant ce style, on frise le bonheur et on ressort clairement de l’expérience avec le sourire et confiant quant à l’avenir de ce premier EP. On en ressort également essoufflé et en fin de compte plus vivant que jamais, comme un astronaute sans oxygène l’espace d’un instant. Je vous invite donc à découvrir ce nouveau projet qui se refuse d’emprunter les voies du gros stoner bas du front (qu’on aime pourtant) et qui se veut plus cristallin et plus recherché dans la sonorité.