Ancrés névrotiquement sur le spectre d’un son imbibé et qui tâche d’entrée de jeu, les Oaks Crown ont le sens de la mélodie et du groove qui heurte de plein fouet. Leur musique va droit à l’essentiel, et loin de nous balancer un simple os à ronger, ils nous offrent du Stoner/Sludge puissant et appliqué avec des rythmiques lourdes et lancinantes qui nous parachutent en terrain connu. Le quatuor s’appuie sur les fondamentaux et les classiques. On pense alors que le château de cartes peut vite s’effondrer et que la hype naissante sera vite oubliée. Mais on se rend vite compte que le combo a bien plus de personnalité que leur technique ne laisse supposer et ils franchissent un palier sans toutefois brûler les étapes. La confiance est de mise car on les sent capables de se renouveler, de créer la surprise et de poursuivre une ligne aux multiples embranchements pour repousser les limites d’un style légèrement trop étroit pour eux.

Le groupe s’ouvre ici une voie de lancement large comme un boulevard, qui n’apporte pas que des globules blancs mais aussi du sang neuf. Et même si la production parait encore assez rugueuse, l’effort est bien là et leur approche possède un charme indéniable. Agréablement composé où l’efficacité est omniprésente, simple et ambitieux à la fois, cet EP apparaît comme l’oeuvre d’un groupe souhaitant s’inscrire dans la durée. Ici pas de prise de tête, le mot d’ordre semble avoir été de se faire plaisir avant tout. Les titres s’enchainent tambour battant menés par des riffs dont l’épaisseur n’aura d’égale que leur efficacité. Les musiciens qui ne renient visiblement par leurs influences auront vite fait d’arrondir les angles en apportant aux rythmes endiablés des ambiances de lendemain de cuite.

La structure des titres reste cependant la même mais la formule fonctionne à merveille avec quelques bons passages bien graisseux. Avec cette première sortie, les vannetais ne réinventent rien (et ils n’en avaient d’ailleurs nullement la prétention) et le quatuor se contente de faire un excellent disque joué par une bande de potes motivée par la musique. Il est aussi permis de prendre cette rondelle pour ce qu’elle est, un robuste bloc de plomb trempé dans le béton.

Au final, cinq compositions qui méritent une certaine attention tant elles contiennent de quoi faire le bonheur des amateurs de Stoner/Sludge velu qui sent le houblon. Inutile de préciser que le tout s’écoute le mieux la tête embrumée de boissons fortement alcoolisées. Profitons-en, les braises sont encore chaudes !