Notre avis
A l’heure où le monde s’écharpe, où l’hiver, jamais aussi chaud depuis le Big Bang, ne fait plus froid que dans le dos, où les intégrismes se télescopent avec violence et font pleuvoir balles et larmes de sang, chroniquer ce deuxième album de Ko Ko Mo peut paraître futile. Indécent même, écriront peut-être quelques teigneux méprisants, planqués derrière leur ordinateur de bureau. Mais le rock s’est construit dans la douleur sur des riffs destructeurs, des sons provocateurs et surtout sur des leaders charismatiques. Et depuis quelques temps, on a bien du mal à en trouver. Certes on a bien des mecs talentueux mais avec un grand manque de présence, ou des gars à l’égo aussi surdimensionné que Marylin Manson. Il était temps de faire quelque chose. Il était temps que Ko Ko Mo arrive.
Quand l’actualité musicale ne suffit plus et que le futur n’annonce rien de bon, la seule solution est de revenir en arrière, à une époque où ce qui sortait des enceintes était autre chose qu’uniquement du volume. En seulement quelques années d’activité, il faut reconnaître que le duo n’a pas démérité, enchaînant date après date poussant même son avantage hors de nos frontières. Emmené par Warren Mutton (un mélange entre Robert Plant et Andrew Stockdale) et K20 (batteur à quatre bras), la formation nantaise fidèle à son rock débridé a fini par se tailler une solide réputation. Ces deux musiciens ont des profils de besogneux, d’artisans qui aiment peaufiner, prendre leur temps, et travailler dans le plaisir partagé.
Une marque de fabrique que l’on retrouve sur leur album « Technicolor Life » sorti en 2017, et sans doute encore plus sur celui-là, comme si le temps avait patiné leur complicité. Les premiers accords de « Self Love Age » fendent l’air. La machine se met en branle, un gimmick de guitare se pose nerveusement, et la magie opère sans grande difficulté. Ce qui impressionne, c’est cette fluidité, cette fausse légèreté qui habitent chacune de leurs compositions. Au milieu de cette sélection relativement homogène, on croise des choses plus étonnantes comme sur « 25 Again » ou Leila Bounous (ex Orange Blossom) les honore de sa participation.
Au final, un album tout en équilibre porté par une production soignée et subtile. Une habitude pour les deux complices, mais ce qui pourrait bien faire la différence cette fois-ci, c’est la puissance des chansons et leur incontestable potentiel à pouvoir bouleverser les foules.
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