Détail de l'album

  • DATE DE PUBLICATION /10 avril 2020
  • LABEL /Sony Music
  • FORMAT /LP, CD et Digital

Notre avis

Dès les premiers accords, on est fixés : Joe Satriani n’a pas mis la pédale douce (malgré ses 63 ans) et sa musique n’a pas perdu de son efficacité. Le titre de l’album nous met sur la voie (Shapeshifting peut se traduire par géométrie variable) de ce que l’on va découvrir et chaque titre nourrit l’imagination vagabonde et raconte une histoire parfaitement résumée. Chacune de ses sorties apparait comme un évènement.

Une telle autorité ne peut perdurer sans se faire défier bien évidemment, mais il a imposé un toucher, une musicalité et une maîtrise du son rarement égalés qu’il est à l’abri de toute concurrence. On sait donc déjà que le disque présent (son 18ème) va être facile à ingurgiter, et que pour aider à la digestion, le virtuose s’est surpassé laissant son imagination s’exprimer. Il démontre ici un talent de composition sans cesse renouvelé avec de belles orchestrations.

Artiste prolifique, il multiplie les projets, et ceux qui ont eu la chance de le voir au moins une fois en concert le savent, l’expérience vécue est profondément marquante. Dès 1990, l’italo-américain est un des rares guitaristes à avoir son modèle de guitare attitré, initiant une tradition devenue courante de nos jours. S’il continue d’épurer son jeu et à déployer autant d’énergie positive, il est loin de passer le flambeau à une relève qui ne pourra être qu’admirative devant tant de maturité.

Plusieurs constats s’imposent à l’issue de « Shapeshifting ». Satch (son surnom) est de moins en moins démonstratif (se rapprochant d’un Jeff Beck) et est capable de se mettre en danger. Avec un style diversifié et inventif, voici un disque indispensable pour tout amateur de ce musicien définitivement unique, et un excellent palliatif en attendant la fin du confinement qui se fait désespérément attendre.

Arno Jaffré