Notre avis
Lorsque des membres d’Arcania, Hacride et Trepalium se réunissent, ce n’est certainement pas pour parler moquettes et tapis de sol. La discussion vire rapidement à la série B et aux sujets généralement considérés comme tabou. Les univers de Rob Zombie et de Dario Argento ne sont jamais bien loin et se dessine alors une imagerie morbide, avec de la violence à outrance et des paroles influencées par les films d’horreur. Le concept est là. Tout ici est à sa place et l’aspect cynique et dissident du genre est réaffirmé. On ressent d’emblée une énergie dévastatrice, une vigueur affranchie de toute lamentation ou de tristesse, comme si assister à la fin du monde les fascinait avant de leur faire peur.
Un sentiment d’unité extrêmement puissant se dégage également et l’envie de déstabiliser l’auditeur est au rendez-vous à chaque instant. La férocité érigée en principe de base s’accompagne d’une noirceur, d’une variété et d’une inspiration qui se nourrissent mutuellement pour un résultat qui parvient sans problème à fendre notre carapace. Tout n’est que fureur mais rien n’est gratuit, l’intensité véhiculée est authentique et difficile de ne pas de laisser emporter dans ce maelström infernal. Ils n’inventent strictement rien, mais s’inscrivent dans les codes du genre avec tant de talent et d’engagement qu’ils ne peuvent laisser indifférent aucun amateur d’un style souvent décrié.
Ils ont le mérite d’imposer leur message avec force, message qui prend ici régulièrement des accents lugubres. Accélérations malsaines et chaotiques, changements de rythme, cassures dans le tempo, breaks crépusculaires et contrepieds, rien n’est monotone et tout est fait pour nous impliquer au maximum dans ce voyage sonore… comparable à de la sauvagerie punitive qui ne se fait jamais au détriment de l’écriture et de la musicalité. L’homogénéité du disque ne permet pas forcément d’extraire un morceau en particulier (ce qui n’est pas une faiblesse, loin de là), mais leur identité reste malgré tout très forte, bien construite, tout en n’étant absolument pas figée ou engoncée dans une projection autoparodique.
En restant fidèles à ce qu’ils sont, ils nous offrent toutes les variations d’émotion que peut transporter ce genre de musique et sans être forcément novateurs, ils s’imposent avec une réelle efficacité. Au-final, l’impression auditive est bien réjouissante et le départ tonitruant pour un album qui se multiplie et se dissout en nous comme une boisson aphrodisiaque inconnue.
Un commentaire ?