Le premier album des parisiens d’Howard est sorti le 13 mars dernier via Klonosphere. Interview avec le trio composé de JM Canoville (guitare/chant), de Raphaël Jeandenand (orgue/basse moog/thérémine) et de Tom Karren (batterie).

Quel est votre parcours respectif avant d’avoir eu l’idée de fonder Howard ?

Raph : Après beaucoup de cours particulier avec Patrick Commincas, un professeur incroyable qui m’a énormément appris, et quelques groupes au collège et au lycée, j’ai fait la Music Academy International, une école de musiques actuelles à Nancy. Cela m’a permis de me lancer vers le métier de prof de piano et l’accompagnement d’artistes. Je me suis assez vite lassé de l’accompagnement car je me sentais à l’étroit d’un point de vue artistique. On venait de monter Howard et le fait de faire exactement ce que j’aime, à savoir de l’orgue Hammond, et basse main gauche m’a donné envie de foncer avec ce projet.

Tom : J’ai pris des cours de batterie au début du collège avec Rufus un rocker Nord-Irlandais qui m’a lentement mais sûrement donné envie de jouer en groupe. Depuis, je ne me suis pas arrêté dans des projets plus ou moins variés avec un dénominateur rock. Ce qui est cool avec Howard, c’est qu’on va tous en même temps dans le même sens.

JM : J’ai commencé la guitare en prenant des cours particuliers, puis monté des groupes à partir du lycée. J’ai toujours évolué dans un registre rock, avec différents degrés de pop et de prog suivant les projets. Après le lycée, j’ai intégré une formation de technicien son et commencé à tourner avec des groupes comme No Money Kids, Shoefiti. Au bout d’un moment, je ne tenais plus en place et il fallait que je remonte un groupe aussi.

C’est un choix naturel pour vous de chanter en anglais ou il y a eu débat ?

Un choix naturel car JM avait déjà l’habitude de chanter en anglais. Et de notre point de vue, dans le rock, l’anglais pour la voix c’est comme le timbre d’une guitare, quelque chose d’indisocciable au style.

Quels groupes vous ont influencés pour faire de la musique ?

Raph : De mon côté, pleins de choses m’influencent et me plaisent. Je n’écoute pas que du rock. Bien sûr si Deep Purple et The Doors m’ont donné envie d’apprendre l’orgue, j’écoute autant le jazz groovy de Jimmy Smith que la techno dansante d’Arnaud Rebotini. J’adore découvrir de nouvelles sonorités ou découvrir de nouvelles techniques de son que l’on peut utiliser ensuite pour Howard.

Tom : C’est le rock et tous les saints papas comme Led Zeppelin, Bruce Springsteen, Frank Zappa ou bien les Rolling Stones qui m’ont mis derrière les fûts. Après, j’ai toujours été attiré par qui arrivait à lier intensité et groove et j’éprouve beaucoup de respect pêle-mêle pour Funkadelic, Primus, Jungle By Night, Chet Faker et tous ceux qui s’efforcent de faire balancer les têtes quelque soit le style. On a une base commune avec les gars qui nous sert à composer. Puis, tranquillement, on essaye d’aller plus loin en passant des portes qu’on avaient laissées jusqu’ici entrouvertes.

JM : J’ai commencé la guitare pour apprendre du Neil Young et du Led Zeppelin. Cela reste encore de grosses influences de mon côté. Si tu regardes mes écoutes quotidiennes par contre, c’est une autre affaire. Je suis touché par les artistes chez qui je ressens une sincérité, quelque soit le genre dans lequel ils évoluent. Gojira, Mac Miller, Baxter Dury, David Bowie, Johnny, Le Vasco, Zeal & Ardor…il y en a beaucoup d’autres mais ce sont autant d’influences fortes pour moi.

Votre album intitulé « Obstacle » est sorti le 13 mars dernier via le label Klonosphere. Mais pourquoi ce titre ?

Il y a un point commun thématique entre chacun des titres de l’album. Que ce soit le deuil dans « Gone » ou le conformisme dans « The Path », le narrateur est au prise avec une force contre laquelle il ne peut rien ou dans une situation inextricable. L’obstacle, matérialisé par le cercle noir qui vient obstruer le visuel de la pochette, représente cette idée d’élément perturbateur qui s’impose, qu’on ne peut pas éviter et qui en devient presque obsédant.

Cela doit être frustrant de ne pas pouvoir le défendre sur scène vu le confinement. Comment le vivez-vous ?

Il n’y a pas plus frustrant que ça surtout quand tout le travail de booking s’écroule d’un coup. On devait faire deux premières parties de Kadavar, la Maroquinerie et le Rock In Bourlon. Ce n’est que partie remise mais juste après la sortie de l’album, c’était une aubaine. On se replie donc sur le net, avec par exemple le festival Stay Rock Stay Home dans lequel on a le plaisir d’être programmé. On se penche plus sur le streaming aussi qu’on avait tendance parfois à moins favoriser par rapport aux dates.

Les points forts et les points faibles de cet album qui seraient à améliorer pour la suite ?

Le positif d’abord ! On estime que c’est un album assez immédiat avec un message franc, qui d’après ce qu’on a pu lire dans les reviews, fait efficacement écho à nos inspirations 70’s. On a eu le temps de rôder en concert les sept titres qui le composent et on a bossé main dans la main avec notre ingé son Arthur Gouret. On est vraiment contents mais ce qui pourrait nous chagriner (hormis le fait que l’on ne puisse pas le défendre en live avec le confinement), c’est peut être de ne pas avoir pris assez de risques, de ne pas avoir pris le temps d’explorer davantage de compos déjà prêtes ou de ne pas s’être engagés plus franchement dans certains partis-pris sonores. Mais bon, tout va bien : On a déjà commencé à prendre notre revanche sur le prochain.

Votre plus grosse galère, et à l’inverse votre plus belle réussite ?

Notre plus belle galère est probablement la sortie d’Obstacle le 13 mars, jour de l’annulation de toutes les dates de la tournée promo. Difficile d’avoir un aussi bel évènement qu’une sortie d’album sur laquelle on travaillait depuis plus d’un an, et à gérer le même jour le cauchemar de voir ses dates s’annuler. Quand tout le milieu musical pleure, tu ne peux bien sûr pas te dire « C’est super, notre album est sorti ! ». Après on positive. C’est l’occasion pour nous de repenser les sorties, de revoir le modèle musical en ce moment, d’écrire et de trouver des idées pour continuer de pertir le public. Par exemple, on vient de lancer une tombola pour gagner un puzzle 1000 pièces d’une photo d’Howard en concert ! Occupation pendant le confinement, soutien au groupe et pertissement. On a essayé de tout réunir. Notre plus belle réussite, c’est dur à dire. On n’aime pas se reposer sur un truc fait, on préfère le voir comme un tremplin vers la suite. Dans les dernières bonnes choses, et super souvenirs, on a fait la première partie de Yarol Poupaud au Plan à Ris-Orangis qu’on a adoré préparer avec un show light spécial pour l’occasion. L’entrée en playlist Spotify par exemple est aussi une nouvelle qui nous a bien fait plaisir.

Pour finir sur une note plus légère…Si Howard était un lieu ?

En ce moment, on est confinés à Omonville-La-Rogue. Impossible de trouver mieux !

Un animal ? 

Le cafard mort que JM a retrouvé dans sa vieille guitare en la nettoyant juste après l’achat.

Un alcool ?

Le Birlou car au delà de la saveur de la pomme, il y a le mystère de la châtaigne.

Un festival ?

Les Camargues Sessions. Un super bon souvenir de l’année 2019. Probablement notre date préférée.

Une salle de concert ?

Le plan à Ris-Orangis. Ils nous ont accompagnés l’année dernière, mis sur deux premières parties, proposé des résidences dans leurs deux salles hyper bien équipées…Toute l’équipe nous aide à progresser et ça fait plaisir de se sentir soutenu par des lieux comme celui-là.

Arno Jaffré